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De Karl Marx au voile, histoire d’un naufrage 

28 juillet 2025

De Karl Marx au voile, histoire d’un naufrage

CHRONIQUE : Les lundis de Kamel Bencheikh - PARIS - 2025-07-28

Il est des trahisons qui ne s’écrivent pas d’un mot, mais d’un long abandon. Quand
l’extrême gauche a tendu la main à l’islamisme, ce n’était pas une convergence d’idées, mais
une connivence de ressentiments : haine de l’Occident, rejet des valeurs partagées, mépris de
l’universel. Une alliance nouée dans les marges, scellée dans le reniement.
Orpheline de ses utopies, déboussolée par la chute du mur de Berlin, la gauche radicale a
cherché une nouvelle figure du dominé. Ce ne fut plus l’ouvrier, mais l’Autre — souvent
essentialisé, parfois idéalisé, toujours instrumentalisé. Ainsi l’islamisme a trouvé un chemin :
camouflé sous les oripeaux de l’antiracisme, il s’est glissé dans les universités, les
associations, les tribunes. Il a vidé les mots de leur sens, travesti la cause émancipatrice en
discours de soumission.
Pendant que les libertés reculaient, la gauche regardait ailleurs. Elle murmurait « nuance »
quand il fallait nommer l’oppression, « inclusion » quand des femmes étaient contraintes,
« respect » quand des enseignants étaient menacés. Une partie d’elle a troqué ses idéaux
contre des indulgences dangereuses : tu me prêtes ta légitimité, je t’offre ma colère.
Mais l’islamisme ne compose pas. Il avance. Il veut soumettre, refaire le monde à son image.
Et il a trouvé, dans une certaine gauche, un marchepied docile. Une gauche sans courage, sans
clarté, sans boussole, qui défend le voile au nom du féminisme et condamne la satire au nom
de la paix.
Ce n’est pas une erreur. C’est une faute. Une reddition. L’abandon de la laïcité, de la liberté
d’expression, de l’égalité. Tout ce que la gauche avait conquis au fil des combats et des
décennies, elle l’a laissé filer dans le silence ou la complicité.
Il faut rompre ce pacte. Nommer les choses. Retrouver le fil de l’universel, la lumière des
principes. Il est encore temps. Mais il faut le dire. Maintenant. Et à haute voix.

Kamel Bencheikh

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