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Chronique : Les Lundis de Kamel Bencheikh - Paris- 2025-09-22 

22 septembre 2025

La foi n’est pas un destin biologique

Le terme islamophobie n’éclaire rien, il obscurcit tout. Derrière son apparente neutralité, il
amalgame deux réalités radicalement différentes : la haine dirigée contre des personnes,
toujours condamnable, bien évidemment, et l’examen critique d’une religion, toujours
nécessaire. En entrelaçant volontairement ces deux registres, le mot devient une arme de
dissuasion massive contre la pensée libre.
Il s’agit moins d’un concept que d’un stratagème. En érigeant une croyance en identité
intangible, comme si elle relevait d’une essence ethnique, on fabrique une immunité
artificielle. On transforme une conviction — donc un choix, une adhésion à des doctrines —
en fatalité de naissance. Dès lors, critiquer des dogmes revient à être accusé de persécuter des
individus. Le débat est verrouillé avant même d’avoir lieu.
Cette confusion sémantique n’est pas innocente : elle sert un projet. En essentialisant les
fidèles, en les réduisant à une appartenance ethnique indépassable, on sanctuarise la religion
et l’on confisque la liberté de juger ses principes. Or la foi n’est pas un destin biologique : elle
se prend, se perd, se discute, se rejette. Elle n’a rien d’un patrimoine génétique ; elle
appartient au domaine mouvant des idées, et les idées ne sauraient être soustraites à la
critique.
Derrière ce rideau de fumée, le mot islamophobie agit comme un instrument de censure. Il ne
protège pas les individus — la loi le fait déjà et le fait très bien — mais il interdit l’examen
d’un système de croyances. Il sert d’écran commode à un agenda politico-religieux dont la
finalité est claire : disqualifier la parole libre, réduire au silence ceux qui osent interroger, et
miner peu à peu les fondations mêmes de la liberté de conscience et d’expression.
Kamel Bencheikh

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