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Chronique : Les Lundis de Kamel Bencheikh - Paris- 2025-11-17 

17 novembre 2025

La reddition en habits progressistes

On a vu, ces derniers jours, certains cercles en Occident se réjouir avec emphase de l’élection
de Sadiq Khan à Londres et de Zohran Mamdani à New York. Des célébrations publiques, des
drapeaux, des slogans, comme si ces victoires disaient quelque chose d’un basculement
historique.
L’Occident, encore une fois, apparaît comme la terre de l’inclusion, où la diversité est non
seulement admise, mais portée aux responsabilités.
Et l’Occident a raison de le faire : c’est sa grandeur.
Mais il est une question qu’on se garde bien de poser :
Quand verra-t-on un maire juif à Téhéran ? Un maire copte au Caire ? Un maire athée à
Riyad, à Islamabad ou même à Alger ?
Le silence qui suit n’est pas seulement éloquent — il est accablant.
Car ceux qui se félicitent bruyamment de ces conquêtes politiques à Londres et à New York
ou même à plus petite échelle dans certaines communes bruxelloises, ne célèbrent pas
l’égalité : ils célèbrent l’asymétrie.
Ils applaudissent à l’ouverture ici, tout en cautionnant la fermeture là-bas.
Ils saluent la tolérance d’une société dont ils nient dans le même mouvement l’exigence de
réciprocité.
Mais plus grave encore est la complicité active de toute une partie de la gauche dite «
progressiste », devenue, par fatigue intellectuelle ou fascination exotique, l’auxiliaire zélé de
cette asymétrie.
Cette mouvance islamo-gauchiste et woke a renoncé à ce qui faisait autrefois son honneur :
l’universalité des droits.
Elle confond désormais tolérance et renoncement, hospitalité et effacement, ouverture et
abdication, ouverture et soumission.

À leurs yeux, l’Occident doit tout accepter, tout justifier, tout encaisser — au nom d’une
culpabilité sans objet.
Tandis que les régimes théologico-politiques du monde musulman, eux, sont exonérés de tout
devoir de réciprocité, de pluralisme, de liberté.
C’est exactement ce que Salman Rushdie, depuis son exil forcé, ne cesse de répéter. Il l’a
d’ailleurs payé de son sang en perdant l’usage d’un œil et d’un bras.
Ce que Boualem Sansal écrit, en le payant de sa liberté depuis une année, seul contre tous,
avec la précision d’une épée qui ne tremble pas : l’universel n’a de sens que s’il vaut des deux
côtés de la vision du monde.
Si nous renonçons à l’exigence de réciprocité, alors nous ne défendons plus l’égalité.
Nous entretenons simplement l’idée qu’il y a des nations faites pour être libres et d’autres
faites pour être soumises.
C’est cela, et cela seulement, qu’applaudissent les wokistes quand ils célèbrent leurs
champions occidentaux.
L’Occident n’a pas à s’excuser d’être ouvert.
Mais il doit cesser d’être le seul à l’être.
Parce qu’une universalité à sens unique n’est pas de l’universalisme.
C’est une reddition.

Kamel Bencheikh

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