
Boualem Sansal, la lumière revenue du silence
Ce qui saisit avant tout, lorsqu’on retrouve la voix de Boualem Sansal, ce frère d’âme revenu
des abîmes, ce n’est pas l’explosion d’amertume que d’autres auraient laissée éclater après
tant de blessures accumulées. C’est, au contraire, l’étonnante absence de fracas. À la place,
une douceur grave surgit, une sorte de souffle discret qui tremble encore, comme si les jours
arrachés à la lumière avaient fini par dissoudre toute colère inutile. On sent que ses mots
reviennent de loin, porteurs d’un silence plus éloquent que n’importe quel cri.
Dans ses lignes, on devine qu’un cœur a été passé au tamis des épreuves. Non pas rongé par la
rancœur — ce poison ne l’a jamais approché — mais traversé par une fatigue profonde, une
fatigue d’âme. C’est celle de ceux qu’on a forcés à marcher dans des couloirs où le temps
s’éteint, où chaque heure ressemble à un interdit, où la solitude devient une muraille. Rien
d’outré, rien d’artificiel : seulement cette gravité lucide qu’on ramène des lieux dont on ne
revient qu’avec une part de nuit collée à la peau.
La tristesse contenue dans ses propos n’a rien d’une capitulation. C’est une vérité qui ne
triche pas. Elle dit l’être humain qui a tenu debout malgré les secousses, malgré l’ombre,
malgré les pièges. Elle montre des blessures que l’œil nu ne voit pas, mais que l’esprit
reconnaît aussitôt. Elle porte la trace d’un combat silencieux où chaque pensée est une
lanterne que l’on refuse d’éteindre. Elle révèle aussi la noblesse d’un homme qui, même
épuisé, ne renonce pas à chercher l’éclaircie là où tant abandonnent.
Et pourtant, un moment, un seul, fend cette retenue admirable. Lorsqu’il évoque ceux qui, de
notre côté de la mer, s’érigent en champions de vertu tout en nourrissant les complaisances les
plus troubles, sa voix vacille légèrement. Là, oui, une blessure apparaît, une blessure fine mais
profonde. Ce n’est pas la fureur absurde, mais l’ébranlement sincère de voir des figures
politiques, louangées ailleurs comme des exemples à suivre, se laisser instrumentaliser
jusqu’à devenir, malgré elles, les ornements d’un pouvoir qui se repaît de leurs incohérences.
À cet instant précis, l’air se charge : on comprend ce que coûte l’aveuglement des uns à ceux
qui affrontent la nuit.
Derrière chacun de ses mots, on retrouve un homme debout — un homme qui revient d’un
territoire où la pensée vacille, où la dignité est parfois tout ce qu’il reste pour ne pas se perdre.
Ce qu’il nous offre aujourd’hui n’a rien d’un plaidoyer pour lui-même : c’est un legs moral.
Une exigence. Une invitation à ne pas trahir ce qui nous fonde. Il nous rappelle que la liberté
est une flamme constamment menacée, que la vérité demande parfois le prix le plus lourd, et
que même les esprits les plus solides peuvent frémir quand on les entoure d’obscurité.
Quand on referme son entretien, une admiration presque douloureuse nous envahit. Car sa
parole, même fragilisée, continue d’embraser quelque chose en nous. Elle garde intact ce
souffle très rare des êtres qui ne cèdent jamais à l’aigreur, même lorsque tout les pousse à s’y
réfugier. Elle porte la fidélité d’un écrivain qui croit toujours que l’humain mérite d’être
défendu. Elle porte, aussi, l’amitié que nous lui portons : une amitié qui revient de loin, elle
aussi, mais qui n’a jamais tremblé.
Et dans cette voix revenue de l’ombre, une lueur persiste — celle d’un homme qui a traversé
la nuit, et qui, malgré les blessures, avance encore vers le jour avec la même droiture, la
même patience, la même lumière intérieure.
Cher Boualem, tu sais combien je t’aime !
Kamel Bencheikh
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